13/09/2025

Divorce en France : Comprendre les étapes clés devant le tribunal familial

Introduction : Un panorama du divorce en France

Chaque année, près de 130 000 mariages prennent fin par divorce en France, selon les chiffres de l’INSEE (INSEE, 2023). Derrière cette statistique se cachent autant d’histoires familiales, mais aussi une diversité de procédures, parfois méconnues ou redoutées. Entre divorce à « l’amiable », contentieux ou divorce pour faute, le parcours à travers le tribunal familial peut sembler complexe. Pourtant, mieux connaître ces démarches permet d’aborder cette étape avec plus de clarté et de sérénité.

Les quatre types de divorce reconnus par la loi française

La France distingue quatre principales procédures de divorce, toutes encadrées par le Code civil :

  • Le divorce par consentement mutuel
  • Le divorce accepté
  • Le divorce pour altération définitive du lien conjugal
  • Le divorce pour faute

Chacune de ces procédures répond à des situations et des besoins différents. Le choix de l’une d’elles dépend à la fois du contexte familial, de la volonté de collaborer des époux, des enjeux patrimoniaux et du niveau de conflit. Un point important à noter : les conditions ainsi que les délais de chaque procédure peuvent varier significativement.

Le divorce par consentement mutuel : une voie simplifiée

Depuis la réforme de 2017 (loi « Justice du XXIᵉ siècle »), le divorce par consentement mutuel, appelé aussi divorce amiable, est de loin la procédure la plus utilisée : elle représente aujourd’hui environ 60 % des divorces prononcés en France (Ministère de la Justice, 2022).

En quoi consiste ce type de divorce ?

Les époux s’accordent sur la rupture, mais surtout sur toutes ses conséquences : partage des biens, garde des enfants, pension alimentaire, prestation compensatoire, etc. Depuis 2017, la grande majorité de ces divorces se font sans juge : la convention de divorce, rédigée par les avocats, est enregistrée par un notaire.

  • Étape 1 : chaque époux choisit un avocat (le même avocat ne peut plus représenter les deux)
  • Étape 2 : les avocats rédigent ensemble la convention, fixant tous les accords
  • Étape 3 : un délai de réflexion obligatoire de 15 jours est respecté avant signature
  • Étape 4 : la convention est signée et déposée chez un notaire, qui la rend exécutoire

À noter : si un enfant mineur demande à être entendu par le juge (droit d’audition), ou si l’un des membres est sous une mesure de protection (tutelle, curatelle), le recours au tribunal familial reste obligatoire.

Le divorce accepté : quand tous deux veulent divorcer, mais ne s'accordent pas sur tout

Appelé aussi divorce sur acceptation du principe de la rupture du mariage, le divorce accepté s’adresse aux couples d’accord pour divorcer, mais qui ne parviennent pas à régler tous les aspects matériels ou parentaux (répartition des biens, lieu de résidence des enfants, etc.).

  • Développé par la loi du 26 mai 2004, il évite d’avoir à prouver une faute.
  • Le principe du divorce n’est pas contesté, seules ses conséquences sont soumises au tribunal.

La procédure comporte plusieurs phases :

  1. Assignation ou requête auprès du tribunal judiciaire (pôle « famille »)
  2. Audience d'orientation et sur mesures provisoires (AO & MP) : organisation temporaire pendant la procédure (logement, enfants...)
  3. Instruction du dossier par le juge, collecte de pièces ou expertises si besoin
  4. Dépôt d’un « procès-verbal d’acceptation » par les époux devant le juge
  5. Audience de plaidoiries, puis jugement de divorce tranchant sur les points de désaccord

La durée estimée varie souvent entre 8 et 18 mois, selon les juridictions et la complexité du dossier (source : Conseil National Barreaux).

Le divorce pour altération définitive du lien conjugal : la rupture de la vie commune

Le divorce pour « altération définitive du lien conjugal » ne nécessite pas l’accord des deux époux. Il s’adresse à celui qui souhaite divorcer lorsque la vie commune est interrompue depuis au moins un an (depuis la loi du 23 mars 2019, ce délai a été réduit d’un an contre deux auparavant).

  • Preuve principale : la séparation durable des époux (résidences séparées, absence de vie commune matérielle, etc.).
  • Pas de recherche de faute, il suffit de constater la séparation.
  • La procédure devant le tribunal est contentieuse : le juge statue sur la demande, les mesures provisoires et définitives.

Ce type de divorce représente un peu moins de 30 % des situations contentieuses depuis la réforme de 2019 (source : Infostat Justice).

Le divorce pour faute : quand le manquement aux devoirs du mariage est en cause

Historiquement, il était le divorce le plus fréquent, aujourd’hui il est choisi dans moins de 10 % des cas seulement (CAF, 2023). Le divorce pour faute s’adresse à l’époux qui reproche à son conjoint une violation grave ou répétée des devoirs du mariage (adultère, violences, manquement au devoir de soutien, etc.).

  • La preuve de la faute doit être rapportée devant le juge (témoignages, attestations, constats d’huissier, etc.).
  • Si la faute est retenue, le juge peut l’imputer totalement ou partiellement à l’un ou l’autre.
  • La faute peut avoir un impact sur l’attribution de prestations compensatoires ou de dommages et intérêts.

Ce mode de divorce est souvent plus long et conflictuel ; la durée excède généralement 18 mois, mais certains dossiers complexes peuvent dépasser trois ans. À noter que le coût financier (avocats, expertise, etc.) est également nettement supérieur que pour un divorce par consentement mutuel.

Le parcours devant le tribunal familial : étapes et organisation

Pour les divorces nécessitant un passage devant le juge, la procédure répond à des étapes précises. Depuis janvier 2021, la Loi de programmation 2018-2022 a simplifié certains points, mais plusieurs phases restent incontournables :

  1. La demande en divorce :
    • Soit par assignation par l’un des époux via un avocat
    • Soit par requête conjointe si les deux sont d’accord (hors consentement mutuel désormais notarial)
  2. L’audience d’orientation et sur les mesures provisoires (AO & MP) :
    • Organise la vie de famille pendant la procédure (résidence, droits de visite, pensions alimentaires, gestion du logement familial, etc.)
    • Permet également au juge de statuer en urgence si une mesure de protection est nécessaire
  3. L’instruction du dossier :
    • Les avocats échangent des arguments écrits (conclusions), fournissent les pièces nécessaires (états bancaires, actes de propriété, attestations, etc.)
    • Expertises possibles (psychologues, notaires…)
  4. L’audience de jugement :
    • Le juge tranche : divorce, attribution du logement, garde des enfants, partage des biens, prestations compensatoires…
  5. Les éventuels recours :
    • Appel possible dans un délai de 15 jours à 1 mois selon la décision rendue

Quelques chiffres clés sur les divorces en France

  • En 2021, 62 % des divorces étaient des divorces par consentement mutuel, devant notaire (source : INSEE).
  • La durée moyenne d’une procédure de divorce contentieux est d’environ 17 mois (Ministère de la Justice).
  • Plus de 70 % des pensions alimentaires sont fixées à l’issue d’une séparation ou d'un divorce devant le juge (CAF).
  • Le coût moyen d’un divorce par consentement mutuel est estimé entre 1 000 et 2 000 € contre 3 000 à 8 000 € pour une procédure contentieuse (données Service Public).

Points de vigilance et conseils pratiques

  • L’avocat est obligatoire dans toutes les procédures de divorce, qu’elles soient amiables ou contentieuses.
  • La médiation familiale peut être proposée ou imposée par le juge avant de saisir le tribunal, notamment pour mieux préparer la gestion de la parentalité.
  • Les conventions de divorce doivent être rédigées avec la plus grande attention, en anticipant les évolutions (scolarité des enfants, projet immobilier…)
  • Il est conseillé de conserver tous les documents relatifs à la vie commune et à la séparation (factures, quittances, échanges écrits…), utiles en cas de litige.
  • Le choix du type de divorce influence directement la durée, le coût et le climat des négociations.

On rencontre des cas particuliers comme le divorce international (époux de nationalités différentes, patrimoine à l’étranger) ou les procédures où l’un des époux disparaît ou ne veut pas coopérer, qui relèvent alors de règles et de délais spécifiques (Ministère de la Justice).

Vers une meilleure compréhension pour un divorce plus serein

Affronter une procédure de divorce n’est jamais une étape anodine : elle mobilise des questions émotionnelles, matérielles et légales. Mais comprendre clairement le cheminement devant le tribunal familial, les choix possibles et leurs enjeux permet de diminuer l’incertitude et facilite une prise de décision plus informée. Rester attentif à ses droits, se faire conseiller à chaque étape et garder le dialogue lorsque c’est possible, sont autant de clefs pour traverser ce passage dans les meilleures conditions.

Pour aller plus loin, il existe de nombreuses ressources officielles et associations pour accompagner, conseiller ou médiatiser les débats familiaux :

En savoir plus à ce sujet :