29/09/2025

Divorce par consentement mutuel ou divorce contentieux : comment les distinguer en pratique ?

Pourquoi existe-t-il plusieurs types de divorce en France ?

Le droit français distingue plusieurs formes de divorce pour permettre aux couples de se séparer selon la nature de leurs désaccords et leur volonté de dialoguer. Le divorce par consentement mutuel, souvent qualifié de « divorce à l’amiable », s’oppose au divorce contentieux, où le juge familial doit trancher faute d’accord entre les époux. Cette distinction s'est renforcée ces dernières années, notamment depuis la réforme de 2017, qui a bouleversé la procédure de divorce par consentement mutuel.

Selon le ministère de la Justice, près de 60 % des divorces prononcés en France en 2022 étaient des divorces par consentement mutuel, contre 40 % de divorces dits contentieux (justice.gouv.fr).

Le divorce par consentement mutuel : simplicité, rapidité et accord total

Principe et déroulement

Le divorce par consentement mutuel permet aux époux de mettre fin à leur mariage sans passer devant un juge (sauf cas particulier impliquant un mineur souhaitant être entendu). Depuis la loi du 18 novembre 2016, la convention de divorce est rédigée par deux avocats – un pour chaque époux – puis enregistrée par un notaire.

  • Accord global : Les conjoints doivent être d’accord sur tout : partage des biens, pension alimentaire, résidence des enfants, prestation compensatoire, etc.
  • Rédaction de la convention : Chaque avocat s’assure que les intérêts de son client sont préservés. La convention est détaillée et adaptée à la situation du couple.
  • Signature et dépôt : Une fois le délai de réflexion de 15 jours respecté, les époux et leurs avocats signent la convention. Elle est déposée chez le notaire qui la rend effective.

En 2022, selon les chiffres du Conseil supérieur du notariat, la procédure moyenne dure entre 1 à 3 mois (notaires.fr) et coûte en moyenne entre 1 500 et 3 000 euros pour l’ensemble de la procédure, selon la complexité du dossier.

Illustration concrète

Quand deux conjoints souhaitent divorcer sans conflit et s’accordent sur toutes les modalités, le divorce par consentement mutuel est souvent choisi : par exemple, une mère qui continuera de résider avec ses deux enfants, et un père qui aura un droit de visite classique, avec pension alimentaire convenue à l’amiable.

Une limite majeure : en cas de bien immobilier commun, la liquidation du régime matrimonial (partage de la maison, du crédit) doit impérativement être réglée dans la convention.

  • Avantages :
    • Démarche rapide, sans audience judiciaire
    • Solution moins coûteuse (pas de frais de justice, procédure souvent plus courte)
    • Processus apaisé, avec moindre risque de conflit durable
  • Contraintes :
    • Obligation d’accord sur tous les points (aucune question ne peut être laissée de côté)
    • Impossibilité de recourir à cette procédure si un enfant mineur souhaite être entendu par le juge

Le divorce contentieux : le rôle clé du juge familial

Quand y recourir ?

Le divorce contentieux s’envisage lorsqu’il subsiste au moins un désaccord : sur l'organisation des enfants, la pension, la prestation compensatoire, ou la liquidation du patrimoine. Contrairement au divorce à l’amiable, ici, le dialogue n’a pas abouti ou achoppe sur un ou plusieurs points précis.

Les différentes formes de divorce contentieux

  • Divorce pour acceptation du principe de la rupture : Les deux époux sont d’accord pour divorcer mais pas sur les conséquences (enfants, argent, biens...)
  • Divorce pour faute : Il est invoqué lorsqu’un conjoint estime que l’autre a gravement manqué à ses obligations conjugales (adultère, violences, abandon du domicile, etc.)
  • Divorce pour altération définitive du lien conjugal : Cette procédure permet de divorcer après une séparation d’au moins un an.

Déroulement de la procédure devant le tribunal familial

  1. Introduction de la requête par l’un des époux via son avocat
  2. Assignation de l’autre époux
  3. Audience d’orientation pendant laquelle le juge fixe les mesures provisoires (résidence des enfants, pension, attribution du domicile conjugal…)
  4. Débat contradictoire sur les griefs ou les conséquences du divorce
  5. Jugement du tribunal familial, qui tranche sur les désaccords persistants

En 2022, le délai moyen d’une procédure contentieuse varie fortement selon les juridictions : de 12 à 30 mois (source : Cour de cassation, rapport annuel 2023), avec un coût pouvant parfois dépasser 5 000 euros, surtout en cas de désaccords nombreux ou de patrimoine à partager.

Exemple concret

Imaginons un couple en désaccord sur la garde de leur enfant et le partage de leur maison. Chacun aura son avocat et la décision finale (garde alternée ou non, attribution de la maison, montant de la prestation) sera prise par le juge aux affaires familiales, sur la base des éléments apportés par chaque partie.

Avantages et inconvénients du contentieux

  • Avantages :
    • Permet d’avancer même en cas de conflit ou de refus de l’autre conjoint
    • Le juge statue sur les points de désaccord, y compris face à des situations complexes ou d’urgence (violences, enlèvement d’enfant, etc.)
  • Inconvénients :
    • Délais souvent longs, à cause des échanges multiples et du calendrier judiciaire
    • Coût plus élevé, parfois imprévisible (honoraires d’avocats, frais d’expertise…)
    • Procédure plus éprouvante sur le plan émotionnel

Consentement mutuel ou contentieux : comment choisir ?

Différents critères peuvent orienter le choix de la procédure la plus adaptée :

  • Nature de la relation et capacité à dialoguer : dès que les époux parviennent à s’entendre sur l’essentiel (enfants, finances, maison...), le consentement mutuel offre une réponse rapide et sereine.
  • Complexité du patrimoine : en cas de biens immobiliers, d’entreprises ou de situations financières imbriquées, ou en présence de désaccords, le passage devant un juge peut s’avérer inévitable.
  • Présence de violences ou de tensions graves : la protection d’un époux ou d’enfants, ou des manquements graves aux devoirs du mariage, obligent parfois à engager une procédure contentieuse, mieux à même d’assurer la sécurité des victimes et un traitement approfondi.
  • Rapidité et coûts : quand la volonté de se séparer est partagée sans vouloir s’attarder sur d’interminables formalités, le consentement mutuel s’impose.

Quelques chiffres récents

  • Selon l’INSEE, l’âge moyen au divorce était de 48,1 ans pour les hommes et 45,4 ans pour les femmes en 2021 (source : INSEE).
  • Environ 1 divorce sur 4 est entamé pour faute, mais moins de 5 % d’entre eux sont effectivement prononcés sur cette base — la plupart se terminant par une solution intermédiaire (source : Ministère de la Justice, 2021).
  • En moyenne, la pension alimentaire fixée par les tribunaux est de 170 € par mois pour un enfant (source : Caisse d’allocations familiales, 2022).

Focus sur les conséquences pour les enfants

Le ressenti des enfants en cas de divorce diffère selon la procédure. De nombreuses études montrent qu’une séparation apaisée diminue la souffrance des enfants, facilite les arrangements amicaux et limite l’impact sur leur réussite scolaire ou leur bien-être psychologique (Rapport « Familles et enfants après la séparation », DREES, 2021).

Le divorce à l’amiable leur offre davantage de stabilité et des solutions souvent mieux adaptées. A contrario, une séparation litigieuse peut accentuer les tensions et nécessiter la désignation d’experts (psychologues, enquête sociale) ou, dans certains cas, l’intervention de la protection de l’enfance.

  • En 2022, 71 % des enfants dont les parents divorcent résident principalement chez leur mère, 12 % chez leur père, 17 % en résidence alternée. (Source : justice.gouv.fr)

Principaux points à retenir et perspectives

  • Le choix entre divorce par consentement mutuel et divorce contentieux dépend du degré d'accord des conjoints, de la complexité de la situation et de la présence ou non de facteurs conflictuels.
  • Le consentement mutuel reste la voie à privilégier en cas d’entente, pour ses délais réduits, ses coûts maîtrisés et son impact limité sur la famille.
  • Le divorce contentieux, bien qu’exigeant, demeure essentiel dans les situations complexes, conflictuelles ou lorsque l’intérêt supérieur des enfants exige l’intervention du juge.

Les réformes récentes tendent à simplifier, accélérer et humaniser le traitement des divorces, mais chaque situation est unique : s’informer, se faire accompagner par un professionnel et garder le dialogue ouvert, dès que possible, sont autant de leviers pour traverser cette période délicate dans les meilleures conditions.

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